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vendredi 20 juin 2014

Au coeur de la Route de la Soie

Dimanche 15 juin. Nous roulons depuis une bonne heure sous un soleil matinal deja chaud et avec un léger vent de face. Soudain, juste apres un pont, un panneau tout en hauteur et peu voyant est placé sur la droite de la route. Dessus, neuf lettres blanches sont écrites a la verticale. Neuf lettres qui nous font rever depuis des années et qui nous font avancer depuis des mois. Samarkand. La ville mythique qui a fait la légende de la Route de la Soie et que nous atteignons apres presque une année de voyage. Un reve se réalise.

Ce minaret a tellement impressionne Genghis Khan
qu'il n'a pas pu le detruire, au contraire du reste de la ville...

Mais avant d'atteindre Samarkand, c'est une autre ville mythique de la Route de la Soie qui accueille nos deux vélos: Bukhara. Apres l'éprouvante traversée du Turkmenistan, cette ville nous apparait comme une oasis de repos, de fraicheur et de trésors architecturaux. Dans la magnifique cour intérieure de notre hotel datant du XIXeme siecle, nous essayons de prendre conscience de notre arrivée en Asie Centrale. Meme au rythme du velo, il est parfois bon de se poser pour essayer de prendre conscience du chemin parcouru. Mais pour etre honnete, ce n'est pas vraiment facile... Et puis on sort se balader entre les minarets en briques aux dessins géometriques en nuances de bleus, les medrese (écoles coraniques) qui respirent la sérenité depuis des siecles et les mosquées qui rivalisent d'élégance avec celles de Turquie et d'Iran. On sent alors bien que l'Europe est loin. Tres loin...

Meme le sourire est dore en Ouzbekistan!

Le hasard fait bien les choses puisque durant notre séjour a Bukhara se tient le festival "soie et épices". Habits colorés, danses traditionnelles et odeurs de cumin, cardamome et clous de girofle envahissent les rues qui sont habituellement bien plus tranquilles. Le spectacle final qui a lieu sur la majestueuse place du Kalon nous réserve quelques surprises. La plus folle étant ces deux airs d'opéra italien chantés en playback par un Ouzbek en costard...


Une petite cycliste au milieu de la majestueuse place du Kalon a Bukhara


Pour rallier Samarkand, nous choisissons une petite route au nord pour éviter la "Voie royale", plus directe et plus plate. Alors qu'on est si pres de Samarkand, que l'on pense a cette ville depuis pres d'une année, voila que l'on fait un détour! Il faut dire que nous sommes curieux de traverser des villages ouzbeks et que l'on veut prendre le temps de se réjouir de notre arrivée a Samarkand. 

Regard d'Ouzbek

Regard d'Ouzbek


On n'est pas décu de notre choix puisqu'un petit col nous ammene sur un immense plateau aride entouré par deux petites chaines de montagnes. Klaxons et gestes amicaux de la main saluent notre passage dans les quelques petits villages que l'on traverse. La chaleur est désormais tres forte et nous devons adapter notre rythme a celui du soleil. Départs tot et longues pauses de midi, la ou un peu d'ombre est disponible. Sous un murier planté au milieu d'un village, on se fait cuire des oeufs sous le regard bien curieux d'enfants qui sont apparus des maisons alentour. Ils ont appris quelques mots de francais a l'école et un joli petit échange se fait au fil des heures. Il faut voir leurs bouilles s'illuminer lorsqu'on leur laisse faire un tour avec nos vélos! Ils touchent a peine les pédales, mais font preuve d'une belle maitrise.


La belle ligne droite!


"Mecano" et ses aides lors d'un controle de routine...


Dans un gros village, nous nous arretons devant un petit magasin pour faire quelques course. Vient alors un grand-pere parlant russe qui nous embarque pour boire un thé. Son petit-fils Ali parle un peu anglais et assez vite, on se retrouve chez eux en tant qu'invités d'honneur. On nous sert les plats nationaux que sont le shashlik (brochettes de viande) et le plov (riz, carottes, oignons et morceaux de viande, le tout bien huileux), accompagné de pain rond que le jeune Ali rompt pour nous selon la tradition. Nous sommes seuls dans une petite piece et on se laisse faire par l'incroyable gentillesse de notre hote de 17 ans. Comme en Turquie et en Iran, le thé est roi, mais ici, il est vert et servi sans sucre dans des jolis petits bols. Une fine natte colorée est étendue sur le sol et nous voila prets pour passer notre premiere nuit chez l'habitant en Ouzbekistan.


Accueil ouzbek dans la famille d'Ali


Et puis c'est Samarkand... Nous nous dirigeons tout de suite vers la fameuse place du Registan pour tester notre émotion qui ne tarde pas a vite déborder. On peine a réaliser que nous sommes arrivés ici a la force de nos mollets et qu'il a fallu gravir quelques montagnes, faire face au froid, au chaud et au vent avant de pouvoir poser notre regard sur ces splendeurs. L'experience est forte et vaut a elle seule le voyage. 

Nous voila sur la place du Registan a Samarkand, un reve se realise!

On nous avait prévenu que Samarkand peut sembler un peu surfaite, trop propre et en manque de vie. C'est vrai pour le centre ou il n'est pas des plus intéressant a se balader au hasard en regardant la vie passer, comme c'est le cas a Istanbul par exemple. Mais les sites datant pour la plupart de l'époque de Tamerlan sont de toute beauté et d'une impressionnante grandeur. Bien restaurés (trop disent certains), ils sont les témoins de l'ingéniosité des architectes et de la patience des artistes de l'époque. 
Mais lorsqu'on parvient a atteindre les ruelles des vieux quartiers, cachées intentionnellement par le gouvernement derriere des murs et des grandes portes, on trouve une ambiance plus vivante avec des vieux qui jouent aux cartes en buvant de la vodka, des enfants qui courent dans les rues avant de sauter dans des bassins a motié nus et des femmes qui reviennent du marché chargées de sacs en plastiques. Il y a des trous dans la route, les arbres peinent a pousser, certaines maisons sont en chantier, mais c'est la la vraie vie des habitants de Samarkand. 

Un mausolee de l'ensemble Shah-y-Sinda

Petite pause dans une des trois medrese de l'ensemble du Registan

Entre nos visites culturelles, nous passons beaucoup de temps dans la cour ombragée de notre hotel. D'autres voyageurs au long cours sont la et c'est un bonheur que d'échanger nos impressions et nos bons plans autour d'un thé ou d'une biere. Avec d'autres cyclovoyageurs de la Route de la Soie, on se commméore la dure traversée du Turkmenistan, l'accueil des Iraniens, la richesse de la Turquie, les baignades dans les Balkans... Tous ces souvenirs qui s'accumlent dans nos tetes et qui sont prets a jaillir lorsqu'un élément s'y rapporte.
Et parce que ca faisait longtemps (mais surtout parce que ca nous faisait envie!), on s'offre une petite dégustation de vins ouzbeks. Tres sucrés et bien alcoolisés pour la plupart, ce qui n'aide pas a nous défaire de nos sourires... Et c'est tant mieux!

Degustation de vins locaux. 10 verres, ca fait pas mal...