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mercredi 7 août 2013

Rencontres bosniaques


Notre derniere journée a Sarajevo, nous croisons un couple de Québéquois en vélo pliable. On parle de nos parcours respectifs. Ils sont en sens inverse de nous et viennent du Pamir. Je suis bien impressionnée en voyant leur matériel. Visiblement, la route n'est pas goudronnée finalement... On verra dans quelques mois.
A la tombée du jour, nous montons sur un point de vue surplombant la ville. Chaque soir, des Musulmans s'y réunsissent un peu avant le coucher du soleil, avec leur pizza, boissons et autres plats. Ils attendent  le coup de canon lancé pour célébrer la fin du Ramadan avant de commencer a manger.

Beaute cruelle sur les hauts de Sarajevo

 Nous avons de la peine a quitter cette ville, et notre premiere étape ne se fait que jusqu'au camping de la ville. Le lendemain, nous retrouvons rapidement la rusticité de la campagne bosniaque. Nous campons dans le jardin d'un couple de grands-parents qui parlent uniquement le serbe. Nous échangeons avec les quelques mots que nous savons, en regardant la carte, avec les mains et en leur montrant quelques photos. Apres nous avoir servi un café, la "mama" est toute contente de nous montrer sa balancoire.


Nous prenons de la hauteur, quittons la foret et sommes bien supris en découvrant un paysage de montagnes pelées, désertiques avec seulement quelques buissons. Nous nous sentons projetés directement quelques milliers de kilometres plus a l'est. Nous bivouquons au milieu de ces étendues sauvages avec un grand plaisir.

Bivouac au milieu des "steppes" bosniaques

Dans un petit village, nous nous posons dans un bar durant les heures chaudes du milieu de journée. Un homme nous offre deux bieres et nous explique, quand on lui dit qu'on va en direction de Dubrovnik, que la-bas, ce sont tous des fachos. 
C'est un sentiment étrange de se dire que quelques jours avant on voyait une exposition de photos a Sarajevo par rapport aux massacres des Bosniaques musulmans par les Serbes, et qu'a ce moment, en te disant au revoir, tu recois un baise-main de quelqu'un qui était certainement au front, dans le camp adverse.

En descendant le long d'un canyon, en cherchant un jardin pour poser la tente, nous voyons une luxeuse maison avec piscine. On se dit qu'on peut aussi essayer de demander dans ce genre d'endroit une fois. Finalement, on n'a rien a perdre. Les propriétaires nous disent qu'il y a un camping quelques kilometres en aval et nous demandent si on veut boire quelque chose. Finalement, la maman nous couvre la table avec les restes de souper.

Changement de paysage

Souvent, nous faisons les pauses pic-nic a l'ombre d'église. En traversant un cimetiere, nous voyons des bouteilles de schaps et des petits verres au dos des pierres tombales. Il semblerait  que c'est la tradition que de boire a la santé du défunt.

Notre derniere nuit en Bosnie se fait chez un couple qui nous offre l'hospitalité et qui a l'air presque choqué quand on commence a se préparer a manger. C'est chez eux que nous souperons. Ils nous parlent en Serbe un long moment et on essaie d'imaginer ce qu'ils peuvent bien nous raconter. Ce n'est pas toujours évident, mais visiblement, ils sont assez nostalgique de la période communiste ou tout était plus simple avec un seul grand pays.

Nous quittons la Bosnie en terrain miné qui s'explique par l'approche de la frontiere. Les quelques panneaux et les banderoles sur le coté de la route nous incitent a ne pas la quitter d'un metre.

Peu avant le passage sur la Croatie, en haut d'une montée, nous avons tout a coup une vue plongeante sur la mer et la cote croate. C'est magnifique et ca fait plaisir de voir la mer apres quasiment 2000 kilometres en vélo.  
Sur les hauteurs de Dubrovnik

lundi 29 juillet 2013

Impressions bosniaques

Notre premiere vision de la Bosnie-Herzegovine est accompagnee par l'appel a la priere du muezzin. Le premier de ce voyage. Nous sommes bel et bien sur la route de l'Orient. La Bosnie-Herzegovine est un pays politiquement complique. Elle est divisee en trois entites: la Federation de Bosnie et Herzegovine (majoritairement peuplee par des Croates musulmans), la Republique Srpska (peuplee majoritairement par des Serbes orthodoxes) et le district de Brcko. On n'osera pas aller plus dans les details, cela devient vite complexe et on est un peu perdus... Par contre, pour voyager a velo, la Bosnie n'a rien de complique. Au contraire, la population est tres accueillante et curieuse de voir passer ces deux cyclistes suisses.

On passe notamment un moment tres intense avec trois habitants d'un petit village de la Republique Srpska. On leur pose une question sur une route qu'on ne trouve pas et ils nous repondent en nous invitant a boire un cafe a l'ombre d'un pommier. On echange sur nos vies, nos familles, la "stupid war" et notre voyage. Quelques mots et beaucoup de gestes. Avant de partir, Delphine retourne sa tasse de cafe pour que Pada, la grand-mere, puisse lire dans le marc. Elle y voit d'abord "un loup" puis une "belle route" et des "nouvelles regulieres a la famille". J'ai l'impression que la premiere vision vient directement du coeur tandis que les suivantes sortent plutot de sa tete. Une grand-mere ne peut s'empecher de penser aux autres parents...

La fabuleuse generosite des Bosniaques

A Banja Luka, on pose nos velos pour un jour histoire de se degourdir les bras avec une jolie descente en rafting. On flane aussi dans les rues du centre ville qui bouillonnent de vie le soir venu. Dans la campagne, on cherche a planter notre tente dans le jardin des gens. Jamais de refus, mais plutot de belles rencontres avec des habitants souvent etonnes de voir des touristes dans ce coin de Bosnie.

Les rues animees de Banja Luka
Campagne ondulee

On passe une soiree a Travnik ou l'on revit en direct le debut de l'Usage du Monde. Les descriptions ont quelque peu change en 60 ans... L'arrivee a Sarajevo est entachee d'un court contresens sur l'autoroute! Pas toujours facile de se diriger dans les peripheries des grandes villes.

Depuis hier on est installe dans une guesthouse tenue par une famille adorable. Il y a le pere qui fait les meilleures omelettes de la ville, la mere qui a un secret pour cuisiner un delicieux cake, le fils aine qui est un fan absolu de Federer, le deuxieme fils qui reve de faire son master a l'EPFL et la fille qui nous emmene fumer des chichas dans son bar prefere. Autour gravitent les voyageurs de passage avec qui il fait bon discuter dans la petite cour ombragee. On se sent comme chez nous dans cette maison qui surplombe la ville de Sarajevo.

On va prendre un peu de temps pour essayer de comprendre l'histoire recente de cette ville. Il y a 20 ans, ses habitants subirent un siege pendant trois ans, entoures par des snipers de l'armee serbe. Aujourd'hui, la vie s'est vengee et une quantite impressionnante de touristes se balade dans les ruelles de la vieille ville, entre les minarets et les clochers. Mais les impacts de balles sur les facades sont toujours la pour rappeller l'horreur de 1992-1995.

Harmonie parfaite dans le centre de Sarajevo

PS: Un premier article a ete publie sur le site du Journal de Morges. voici le lien:  http://www.journaldemorges.ch/editorial/region/d-aubonne-la-slovenie